
Entre crêpes et micro-siestes, les pilotes au défi hors norme des 24 Heures motos

Face au défi que représentent les courses d'endurance comme les 24 Heures motos, dont la 48e édition débute ce week-end au Mans, le sommeil et la nutrition font partie des enjeux essentiels pour les pilotes, qui tentent de gérer à leur manière un corps mis à rude épreuve.
Pour Martin Renaudin, rien n'est laissé au hasard: qu'il soit 17h ou 3h du matin, "tout est toujours très calé, très bordé pour qu'une fois la course partie, je suis concentré uniquement sur ce que je dois faire".
A 26 ans, le pilote français du Tati Team prendra le départ samedi à 15h00 de ses septièmes "24 Heures". Dès lors, la "machine Renaudin" se mettra en route.
Entre chaque relais, les pilotes -qui sont entre trois et quatre par moto- disposent de moins de deux heures de pause. Chaque minute compte.
"Sachant qu'il faut être prêt 20 minutes avant de remonter sur la moto, on a 1h30 pour se doucher, manger, aller chez le kiné et trouver une vingtaine de minutes pour une sieste dans une couchette à l'arrière du box", explique le pilote à l'AFP.
Contrairement à d'autres, "je n'ai pas la capacité de faire 24 heures sans dormir", reconnait-il aussi.
Pour gérer au mieux la course, à chacun sa recette puisqu'à l'inverse, son coéquipier Hugo Clère fait souvent l'impasse sur le sommeil: écouteurs sur les oreilles, le pilote de 30 ans préfère s'isoler pour continuer à suivre la course. Ou écouter de la musique. "Par contre, dit-il aussi, je m'économise énormément et je n'échange avec personne".
- Course "ultra-exigeante" -
Sur sa table de massage, Quentin Raynaud voit souvent les pilotes sombrer à mesure que les heures avancent.
"Cette course est ultra-exigeante", rappelle le kinésithérapeute de l'équipe F.C.C TSR Honda France. "Enchaîner les relais à des vitesses (élevées, NDLR) et avec autant de pression, c'est super exigeant pour le corps".
Et de reconnaître: "parfois, le sommeil peut se révéler beaucoup plus important que la partie physio, puisque ne pas dormir du tout va entraîner des erreurs de pilotage".
Un café ou une boisson énergisante pourraient logiquement faire l'affaire pour remettre d'aplomb les pilotes.
"Attention, prévient toutefois Marie Enjolras, diététicienne et nutritionniste du Tati Team, il faut une planification vraiment adéquate car la caféine peut diriger l'énergie absolument pas là où il faudrait".
Selon la spécialiste, "la nutrition joue un rôle fondamental, surtout pour la vigilance du pilote".
Avant la course "on va refaire les réserves de sucre, on va donc privilégier une alimentation assez simple, avec des protéines, des glucides, un produit laitier et un fruit (...) on sera par exemple sur un menu poulet, riz, yaourt, fruit".
Ensuite, puisque le temps est compté, "certains vont privilégier le sommeil, d'autres la nutrition - mais c'est important d'avoir toujours une collation digeste et riche en glucides, avec un peu de protéines", explique Marie Enjolras.
L'idée est de "maintenir une glycémie stable pour prévenir la fatigue et le manque de concentration".
- Perte de poids -
S'il n'y a finalement pas de recette magique, assure la diététicienne, il y a ceux pour qui le régime poulet-riz trouve vite ses limites: "je préfère alterner entre le sucré et le salé entre chaque relais (...) parce que manger des pâtes sans sauce avec du blanc de poulet à longueur de course, j'en ai marre", assume Hugo Clère.
"Je ne mange pas n'importe quoi, mais je ne suis plus du genre à me faire plaisir", assure-t-il encore. Son péché mignon ? "Les crêpes, le plus souvent nature". Un plaisir validé par Marie Enjolras.
Gare aussi à la déshydratation puisque les pilotes perdront environ 2% de leur poids en transpiration, malgré le temps plutôt frais attendu ce week-end.
Si plaisir et adrénaline font que chaque pilote vit "son rêve" sur le légendaire circuit manceau, une fois le drapeau à damiers agité, ils savourent aussi le retour à un rythme plus conventionnel. Dimanche soir, quand certains opteront pour une bonne nuit de sommeil, d'autres dégusteront "le meilleur burger" de la région.
H. de Araujo--JDB