
Athlétisme: la Jamaïque reste "la capitale mondiale du sprint", estime Asafa Powell (à l'AFP)

"Nous sommes la capitale mondiale du sprint", explique fièrement à l'AFP l'ancien recordman du monde du 100 m Asafa Powell (9.77 en 2005 puis 9.74 en 2007), figure du sprint mondial éclipsée sur sa fin de carrière par Usain Bolt.
"Afasta", âgé de 42 ans, ex-prince de la ligne droite aux 97 chronos sous les dix secondes, un record, a évoqué à Kingston en marge du Grand Slam Track la "grande histoire" du sprint jamaïcain et son envie de devenir entraîneur.
QUESTION: Comment s'annonce le futur du sprint jamaïcain?
REPONSE: "Radieux, et le sprint jamaïcain masculin l'est depuis longtemps, notamment avec notre génération, avec Usain Bolt, Michael Frater, Yohan Blake. Nous sommes la capitale mondiale du sprint. Après notre retraite nous avons cherché des remplaçants, et nous avons Oblique Seville, Kishane Thompson, d'autres encore qui arrivent, qui relèvent le défi et portent haut le drapeau jamaïcain".
Q: Comment expliquer cette qualité qui ne baisse pas?
R: "Nous avons toujours eu une grande histoire de sprint. A mon époque les gens ont simplement commencé à y prêter attention, parce que nous avons monté le curseur d'un cran. J'ai commencé en battant le record du monde du 100 m. Puis Usain Bolt est arrivé et a battu lui-même le record. Mais avant il y a eu des athlètes comme Donald Quarry, qui couraient déjà très bien".
Q: La Jamaïque peut-elle rester au sommet du sprint?
R: "Ca va rester ainsi. Je ne vois pas pourquoi cela changerait. Chaque année nous avons de grands talents qui éclosent aux +Boys and Girls Championships+. Ca va continuer ainsi".
Q: Comment expliquer que vous soyez si bons, que les plus rapides ne partent pas au foot ou au cricket, autres sports populaires?
R: "Le soleil brille en Jamaïque (sourire). Dès notre plus jeune âge nous courons. L'athlétisme est le sport le plus accessible. La Jamaïque n'est pas très riche, nous n'avons pas les moyens de développer des clubs de foot, il faut des équipements, les chaussures, les ballons... Courir ça peut se faire pieds nus, c'est le sport le plus facile, c'est pour ça que les jeunes s'y mettent en premier lieu et continuent ensuite".
Q: Etes-vous impliqué dans la transmission auprès des jeunes?
R: "Je suis impliqué avec mon podcast sur YouTube. Mais non, je ne suis pas directement impliqué. J'aide à droite à gauche. J'avais besoin de temps pour moi et pour ma famille à la fin de ma carrière. Mais je vais devenir entraîneur c'est certain".
Q: La qualité des entraîneurs en Jamaïque doit être un autre facteur explicatif...
R: "Ca marche, notre entraînement est de très grande qualité. Nous avons de grands entraîneurs, Stephen Francis, qui était mon coach, et Glenn Mills, celui d'Usain Bolt. Ces deux entraîneurs apprennent l'un de l'autre, se tirent vers le haut. Ils demandent beaucoup de leurs athlètes et savent repérer les jeunes talents, ce qui est essentiel".
Q: Avez-vous envisagé de quitter la Jamaïque à votre époque?
R: "Oui, j'avais pensé partir aux Etats-Unis dans une université, c'était la norme. On voulait tous partir aux Etats-Unis. Mais lorsque l'opportunité s'est présentée de rester en Jamaïque ça a été le choix logique, parce que ma famille était là. Aux Etats-Unis j'aurais dû repartir de zéro".
Propos recueillis par Robin GREMMEL et Gilles CLARENNE
G. Lopes--JDB