
Brésil: succès d'une opération marathon pour Bolsonaro

L'ex-président brésilien Jair Bolsonaro a été opéré "avec succès" d'une occlusion intestinale, dimanche à Brasilia, une intervention chirurgicale de plus douze heures liée à de fortes douleurs à l'abdomen héritées d'un attentat à l'arme blanche en 2018.
Cette opération a eu lieu deux semaines après le renvoi de l'ancien dirigeant d'extrême droite (2019-2022) en procès pour tentative présumée de coup d'Etat.
C'est son épouse, Michelle Bolsonaro, qui a annoncé la première la fin de l'intervention chirurgicale, après avoir tenu en haleine ses abonnés sur Instagram, donnant régulièrement des nouvelles de son mari.
"Opération terminée avec succès! (...) Mon cœur est plein de gratitude pour chacun de vous qui a prié, envoyé des messages et intercédé pour mon amour", a-t-elle déclaré dans une de ses stories sur le réseau social.
"Cette intervention de grande envergure a duré douze heures et s'est déroulée sans problème, sans qu'il soit nécessaire de procéder à une transfusion sanguine", a détaillé quelques minutes plus tard le bulletin médical de l'hôpital DF Star.
M. Bolsonaro, 70 ans, a été soumis à une "laparotomie (intervention chirurgicale qui consiste en l'ouverture de l'abdomen du patient) pour défaire les adhérences intestinales et reconstituer la paroi abdominale", avait expliqué cette clinique privée huppée au début de l'opération, vers 10H00 (13H00 GMT).
- "Il va s'en sortir" -
Quelques dizaines de partisans de l'ancien dirigeant d'extrême droite attendaient des nouvelles devant l'entrée d'hôpital. Parmi eux, Maurilio Borges Bernardes, 84 ans, un crucifix pendu au cou, venu lui apporter son "soutien moral et spirituel".
"Il va s'en sortir, j'en suis sûr", dit cet entrepreneur vêtu d'un t-shirt jaune et vert, les couleurs du Brésil, et coiffé d'un chapeau de cow-boy avec un autocollant à l'effigie de Jair Bolsonaro.
"J'espère qu'il va vite se remettre, qu'il reprenne ses activités à 100%, qu'il se présente à l'élection (de 2026) et qu'il (soit) élu à nouveau", affirme pour sa part Benhur Luis Maieron, militaire de la réserve.
M. Bolsonaro est inéligible jusqu'en 2030, mais il garde l'espoir de faire annuler ou réduire cette condamnation pour briguer un nouveau mandat l'an prochain.
Dans la matinée, Michelle Bolsonaro avait déjà prévenu sur Instagram que l'opération serait "longue, car il y a beaucoup d'adhérences" intestinales.
Les adhérences sont des bandes de tissu cicatriciel qui collent l'intestin à la paroi abdominale, pouvant ainsi causer ainsi une obstruction qui bloque le transit intestinal.
"Ces opérations sont délicates car il faut avoir la patience nécessaire pour défaire chaque adhérence", a expliqué à l'AFP Camila Beltrao, chirurgienne spécialiste en opérations de l'appareil digestif.
"A chaque fois qu'un patient est réopéré, la probabilité de formation de nouvelles adhérences augmente", a-t-elle ajouté.
- "Douleurs insupportables" -
L'ex-président a déjà subi ces dernières années plusieurs opérations liées aux séquelles de l'attaque au couteau survenue lors de la campagne présidentielle de 2018.
Jair Bolsonaro avait été agressé par un déséquilibré en plein bain de foule. Il a finalement été élu président quelques semaines plus tard.
Il a déclaré samedi sur le réseau social X que son médecin lui avait dit qu'il s'agissait "de la situation la plus grave depuis l'attentat qui a failli (lui) coûter la vie".
L'ex-président a rejoint Brasilia samedi soir à bord d'un avion sanitaire en provenance de Natal (nord-est), où il avait été hospitalisé la veille après avoir ressenti de fortes douleurs à l'abdomen.
Des "douleurs insupportables", selon Rogerio Marinho, un sénateur de son parti, qui l'accompagnait au début de sa tournée dans plusieurs villes de l'Etat du Rio Grande do Norte, dont Natal est la capitale.
Cette tournée, destinée à mobiliser ses sympathisants dans cette région pauvre et fief historique de la gauche, était organisée deux semaines après la décision de la Cour suprême d'ouvrir un procès contre lui pour une tentative présumée de coup d'Etat.
Le parquet l'accuse d'avoir ourdi un complot de longue date avec des proches collaborateurs, notamment des ministres et des militaires haut gradés, pour se maintenir au pouvoir après l'élection de 2022, perdue au second tour face à son grand rival Luiz Inacio Lula da Silva, actuel président de gauche.
P. Batista--JDB