
Présidentielle en Côte d'Ivoire: Tidjane Thiam élu candidat du principal parti d'opposition

L'ancien ministre et banquier international Tidjane Thiam, a été élu candidat du principal parti d'opposition pour la présidentielle du 25 octobre en Côte d'Ivoire, lors d'une convention à laquelle il était le seul à se présenter.
Mais tout n'est pas gagné pour autant: actuellement hors du pays, M. Thiam, 62 ans, est bousculé par une polémique sur sa nationalité qui pourrait le fragiliser dans sa course à la présidence.
Dans le même temps, à six mois du scrutin dans le pays le plus riche de l'Afrique de l'ouest francophone, des tensions secouent le paysage politique, notamment liées à l'inéligibilité de trois opposants, dont l'ancien président Laurent Gbagbo.
Tidjane Thiam a obtenu 99,50% des voix exprimées avec un taux de participation de 93,17%, selon les résultats globaux provisoires.
Plusieurs milliers de militants du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) - seulement des membres d'organes décisionnaires ou des responsables de sections - étaient appelés mercredi à glisser leur bulletin dans quelque 400 bureaux installés dans le pays. Sans grand suspens donc puisqu'il n'y avait qu'un seul candidat.
L'ancien ministre du Commerce et actuel député Jean-Louis Billon, également candidat déclaré à la présidentielle, ne s'est finalement pas lancé dans la bataille, dénonçant auprès de l'AFP les modalités d'organisation de la convention.
- Pas "bien connu" -
Pour le politologue Geoffroy Kouao, M. Thiam n'est pas "bien connu des Ivoiriens" et "le PDCI doit redoubler d'efforts en termes de communication politique et de rencontres".
Le chef du PDCI a en effet été absent du pays pendant plus de 20 ans pour une carrière à l'étranger à la tête de grandes entreprises financières telles Aviva, Prudential ou Credit Suisse.
Dans son entourage, on assure que son expérience internationale est un atout et que sa popularité reste intacte à travers tout le pays.
La campagne de Tidjane Thiam est d'autre part parasitée depuis plusieurs semaines par une polémique concernant sa nationalité.
Né en Côte d'Ivoire, il a acquis la nationalité française en 1987 et y a renoncé en mars dernier, afin de se présenter à la présidentielle, scrutin pour lequel un candidat ne peut être binational.
Mais selon ses détracteurs, l'acquisition d'une autre nationalité l'a automatiquement déchu de sa nationalité ivoirienne, en vertu de l'article 48 du code de la nationalité, datant des années 1960.
Le PDCI a dénoncé des "manœuvres" du pouvoir afin d'empêcher M. Thiam d'être candidat.
- "en bon chemin" -
De son côté, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel, Leonardo Santos Simão, s'est voulu optimiste après un entretien jeudi avec le président Alassane Ouattara: "la Côte d'Ivoire est en bon chemin pour préparer des élections paisibles".
"Nous avons eu des élections bien réussies l'année passée au Ghana, au Liberia et au Sénégal. Donc, c'est important d'ajouter dans cette liste la Côte d'Ivoire. Et nous sommes sûrs que le pays va atteindre ce niveau", a-t-il ajouté.
Mais à mesure que l'échéance approche, les tensions montent dans l'opposition, qui multiplie les meetings. Trois figures politiques ont affirmé leur intention d'être candidates à la présidentielle, même si elles sont inéligibles en raison de condamnations judiciaires.
Il s'agit de l'ancien président Laurent Gbagbo (2000-2011), investi par le Parti des peuples africains - Côte d'Ivoire (PPA-CI), de son ancien bras droit Charles Blé Goudé, et de l'ancien Premier ministre et ex-chef rebelle Guillaume Soro, en exil.
Le nom des trois hommes n'apparaît pas sur la liste électorale provisoire, dont la version définitive sera publiée en juin. Et la commission électorale vient de déclarer irrecevable une requête de M. Blé Goudé.
En outre, le PDCI de Thiam et le PPA-CI de Gbagbo ont annoncé suspendre leur participation à la Commission électorale indépendante (CEI), en dénonçant le manque d'indépendance de cet organe chargé d'organiser les élections.
Le parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), a répondu via le ministre d'Etat et porte-parole du parti Kobenan Kouassi Adjoumani, qu'il "n’entend pas se laisser distraire par tout ce vacarme orchestré par une opposition qui, en réalité, a peur des élections".
De son côté, le président Alassane Ouattara, 83 ans, n'a pas indiqué s'il comptait ou non briguer un quatrième mandat mais s'est dit en janvier "désireux de continuer à servir son pays".
S. Aparecido--JDB