
Droits de douane: tremblement de terre sur les marchés mondiaux

La plupart des Bourses mondiales ont plongé lundi, les yeux rivés sur la moindre déclaration concernant les droits de douane, Wall Street terminant pour sa part sans direction claire à l'issue d'une séance en dents de scie et demeurant nerveuse.
En Europe, la Bourse de Francfort qui est revenue en territoire positif quelques instants, a terminé sur une chute de 4,13%, Londres de 4,38%, Milan a dégringolé de 5,18% et Zurich de 5,16%.
La Bourse de Paris a dévissé de 4,78% et n'avait plus connu chute pareille depuis mars 2022.
A Wall Street, le Dow Jones a perdu 0,91%, l'indice Nasdaq a grappillé 0,10%, et l'indice élargi S&P 500 a lâché 0,23%.
Tantôt dans le vert, tantôt dans le rouge, la place américaine a connu une session "extrêmement volatile", résume auprès de l'AFP Peter Cardillo, de Spartan Capital Securities.
Wall Street a été "durement touchée" en fin de semaine dernière, "et maintenant, le reste des marchés mondiaux nous rejoignent", explique M. Cardillo.
Les places asiatiques et européennes ont particulièrement marqué le coup lundi, Hong Kong a dégringolé par exemple de plus de 13% — sa pire séance depuis 1997 tandis que la Bourse de Paris (-4,78%) a connu sa pire séance depuis trois ans.
Wall Street reste très "tendue" mais n'aurait pas besoin de beaucoup de temps pour se retourner car "il y a eu beaucoup de ventes en très peu de temps", note auprès de l'AFP Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.
Signe de la nervosité des investisseurs, l'indice de volatilité Vix, surnommé indice de la peur, a évolué à des niveaux plus atteints depuis la pandémie de Covid-19.
Autre exemple: les actions ont bondi dans la journée durant quelques minutes vers 14H10 GMT, sur fond d'information de presse erronée selon laquelle l'administration Trump aurait pu envisager une pause pour ses droits de douane.
Cette information a été démentie dans la foulée sur X par la Maison Blanche.
"Les acteurs du marché ont pu voir ce qui se passerait s'il y avait une nouvelle" concernant les droits de douane, souligne M. Hogan.
- Absence de visibilité -
"Les (surtaxes douanières) de Trump ont été plus violentes que prévu. La Chine a annoncé une escalade des droits de douane, puis les Européens ont dit qu'ils ne se laisseraient pas faire... Tout cela est d'une fragilité absolue", pointe David Kruk, responsable du trading de La Financière de l'Échiquier.
Les marchés évoluent au gré des annonces de la Maison Blanche et de son locataire. Donald Trump a menacé lundi d'alourdir encore les droits de douane américains sur les produits chinois, de 50% "additionnels" dès le 9 avril, si Pékin maintient sa riposte à son offensive douanière.
"Si la Chine ne retire pas son augmentation de 34% [de droits de douane sur les produits américains] (...) d'ici demain [mardi] 8 avril, les Etats-Unis imposeront des droits de douane ADDITIONNELS de 50% sur la Chine, à partir du 9 avril", a affirmé le président américain sur sa plateforme Truth Social.
Il a aussi annoncé qu'il ne donnerait pas suite aux demandes d'entretien des responsables chinois.
Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a déjà frappé les produits chinois d'une surtaxe additionnelle de 20%, devant passer à 54% dès le 9 avril, avec les +34% annoncés la semaine dernière.
Interrogée par l'AFP, la Maison Blanche a confirmé que si Donald Trump mettait sa nouvelle menace à exécution, cela porterait cette surtaxe à 104%.
L'Union européenne a quant à elle proposé aux Etats-Unis une exemption de droits de douane totale et réciproque pour les produits industriels, a annoncé la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, afin de tenter d'éviter une guerre commerciale.
Une proposition jugée "pas suffisante" par Donald Trump, interrogé lundi dans un échange avec la presse à la Maison Blanche.
"Le marché aimerait que cela se concrétise, mais on a l'impression que le mal est fait psychologiquement. Il peut y avoir un rebond de court terme, mais on a encore le sentiment qu'il y a énormément de fragilité pour retrouver du concret sur les marchés et on ne peut pas dire beaucoup plus que cela à ce jour", commente David Kruk.
L.M. Cardoso--JDB