Yémen: les Houthis revendiquent de nouvelles attaques après des frappes américaines meutrières
Des frappes américaines sur un port pétrolier stratégique au Yémen ont fait 74 morts et près de 200 blessés, ont affirmé vendredi les rebelles houthis, l'attaque la plus meurtrière depuis le début des bombardements américains contre ces insurgés soutenus par l'Iran.
L'armée américaine avait annoncé jeudi avoir mené des bombardements ayant abouti à la "destruction" du port de Ras Issa, dans la région de Hodeidah (ouest), contrôlée par les Houthis.
"Le bilan de l'attaque de l'ennemi américain contre les installations de Ras Issa est monté à 74 martyrs et 171 blessés", a écrit sur le réseau social X le porte-parole du ministère de la Santé de l'administration houthie, Anees Alasbahi.
La chaîne des rebelles, Al-Massirah, a diffusé vendredi des images de nuit montrant des corps maculés de sang gisant au sol, ainsi que des secouristes transportant des hommes blessés sur des civières, dont l'un présentait des brûlures aux bras et aux jambes.
Des images diffusées plus tôt et présentées comme les "premières images de l'agression américaine" contre le port pétrolier montraient une boule de feu éclairant la zone où se trouvent des navires et d'épaisses volutes de fumée.
Lors d'une manifestation massive organisée vendredi dans la capitale Sanaa, le porte-parole militaire des Houthis, Yahya Saree, a affirmé que les rebelles avaient tiré des missiles en direction d'Israël, où l'armée avait annoncé vendredi matin avoir intercepté un missile en provenance du Yémen.
Les Houthis ont également avoir visé deux porte-avions américains au large du Yémen, le Harry S. Truman et le Carl Vinson.
"La mobilisation militaire américaine et la poursuite de l'agression contre notre pays ne feront qu'augmenter les opérations", a déclaré M.Saree devant la foule venue protester contre les frappes américaines et témoigner son soutien aux Palestiniens de la bande de Gaza.
Des rassemblements similaires ont eu lieu dans plusieurs régions sous le contrôle des Houthis, notamment dans leur fief de Sadaah, dans le nord du pays, où des centaines de personnes ont défilé aux cris de "mort à l'Amérique, mort à Israël", selon des images diffusées par Al-Massirah.
Les Houthis, qui contrôlent de larges pan de ce pays en guerre civile depuis 2014, font parti de "l'axe de la résistance" animé par Téhéran, une alliance informelle de groupes armés opposés à Israël.
L'Iran a condamné vendredi des frappes américaines "barbares" en dénonçant "un exemple de crime (...) et une violation flagrante des principes fondamentaux de la Charte des Nations unies".
Le mouvement islamiste palestinien Hamas a également dénoncé une "agression flagrante", et un "crime de guerre avéré".
- "Signal à Téhéran" -
Le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) avait expliqué jeudi que "l'objectif de ces frappes était de s'en prendre aux sources économiques du pouvoir des Houthis".
"Les Etats-Unis ont pris (ces) mesures, afin d'éliminer cette source d'hydrocarbures pour les terroristes houthis, soutenus par l'Iran, et les priver du revenu illégal qui a financé les actions des Houthis pour terroriser toute la région depuis plus de dix ans", a ajouté le Centcom.
Washington, qui a désigné les Houthis comme organisation terroriste étrangère début mars, accuse ceux-ci de s'accaparer les revenus de ce port situé au nord de la ville de Hodeida.
Jeudi, Washington a imposé des sanctions contre une banque du Yémen et ses principaux dirigeants, en raison de son soutien jugé "essentiel" aux Houthis.
Le groupe rebelle est entré dans le collimateur de Washington en déclenchant, en novembre 2023, des attaques contre des navires empruntant la mer Rouge, perturbant le trafic maritime international.
Les Houthis ciblent également Israël en tirant régulièrement des projectiles. Ils disent agir ainsi en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza où le Hamas est en guerre contre Israël depuis l'attaque du mouvement islamiste sur le sol israélien le 7 octobre 2023.
Les attaques en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, ont poussé les Etats-Unis à mettre en place une coalition navale multinationale et à frapper des cibles rebelles au Yémen, parfois avec l'aide du Royaume-Uni.
L'attaque sur le port pétrolier de Ras Issa intervient avant des pourparlers entre les Etats-Unis et l'Iran sur le nucléaire iranien, prévus samedi à Rome.
"Les actions militaires au Yémen envoient clairement un signal à Téhéran", a affirmé à l'AFP l'analyste Mohammed Al-Basha, basé aux Etats-Unis.
"Le message aujourd'hui est sans équivoque: les Etats-Unis visent non seulement les ressources militaires et le personnel des Houthis, mais aussi leur infrastructure économique", a-t-il dit.
S. Alves--JDB