
Environ 15% des terres cultivables dans le monde sont contaminées aux métaux lourds (étude)

Entre 14 et 17% des terres cultivables dans le monde sont contaminées par au moins un métal lourd, une pollution présentant un danger pour la santé de jusqu'à 1,4 milliard de personnes, alertent jeudi des scientifiques.
Cette étude publiée dans la revue Science propose une vue d'ensemble inédite du phénomène de contamination aux métaux lourds grâce à une méta-analyse de plus de 796.000 échantillons de sol issus d'études précédentes et l'intervention d'algorithmes.
Après s'être assurés de la fiabilité de ces données et de leur représentativité - les échantillons issus d'études portant spécifiquement sur des sites contaminés ayant par exemple été exclus - les chercheurs ont cherché à mettre en évidence les régions du monde les plus touchées.
Pour cela, cette équipe dirigée par Deyi Hou, spécialiste en sciences environnementales à l'université chinoise Tsinghua, s'est intéressée aux zones dans lesquelles les teneurs en au moins un métal - sur sept recherchés dont l'arsenic et le cadmium - étaient supérieures aux seuils recommandés pour l'exploitation agricole et la santé humaine.
Les métaux sont en effet toxiques à des doses variables pour l'homme, la faune et la flore, et peuvent contaminer divers écosystèmes via les chaînes alimentaires et l'eau.
A partir de l'analyse des échantillons et à l'aide d'outils d'intelligence artificielle (IA), les chercheurs ont évalué qu'à l'échelle de la planète, entre 14 à 17% des terres agricoles étaient contaminées par au moins un métal et estimé qu'entre 900 millions et 1.4 milliard de personnes vivaient dans des zones à haut risque.
La contamination peut être d'origine naturelle, dont géologique - les métaux étant naturellement présents dans les roches à des concentrations variées -, et/ou liée à l'activité humaine, comme des rejets de l'industrie, de l'agriculture ou encore l'exploitation minière.
En raison d'un manque de données dans plusieurs zones, notamment en Afrique, les résultats de cette étude sont toutefois "insuffisants" pour permettre la mise en place de programmes ciblés d'atténuation des risques, préviennent les auteurs, mais doivent plutôt "servir d'alerte pour décideurs politiques et les agriculteurs".
Selon Wakene Negassa, chimiste spécialisé en analyse des sols au James Hutton Institute, "l'étendue réelle de la pollution mondiale des sols" pourrait par ailleurs "dépasser de loin ce qui est présenté par les auteurs, en raison de la disponibilité limitée des données et d'une sous-estimation probable".
M. de Jesus--JDB